Revolvers fabriqués au Texas

LA J.H. DANCE & Bros

L'histoire de la famille Dance est trop longue pour la raconter en détail ici. Disons simplement que cette famille est établie en Virginie depuis 1675, que certains de ses membres ont servi brillamment pendant la révolution Américaine, pour la Caroline du Nord, que la famille a émigré d'abord vers cet état, puis vers l'Alabama, pour finalement se fixer au Texas. Les 4 frères Dance se fixèrent dans le comté de Brazoria au Texas en 1853, où ils devinrent les plus importants fabricants d'armes de l'histoire du Texas, et un des plus importants fabricants de revolvers pour la Confédération sudiste.

Certains ont prétendu que cette firme n'avait jamais obtenu de contrat avec le gouvernement confédéré, et que les revolvers devaient être considérés comme "secondaires"; rien n'est moins vrai, puisque non seulement ils en ont fourni à l'armée confédérée, mais en plus ont revendu leur fabrique au gouvernement de la Confédération.

Les frères James Henry, David Etheldred, George Perry et Isaac Claudius Dance se joignirent à leur cousin Harrison Perry Dance pour former la J.H. Dance & Bros, établie dans la ville de Columbia au Texas, au bord de la rivière Brazos entre Houston et Galveston.

D'abord active dans la fabrication de moteurs à vapeur, la société décida au début de la guerre de Sécession de cesser toute activité et de concentrer ses efforts sur la production de revolvers pour l'armée confédérée. Cette décision semble avoir été prise fin 1861 ou début 1862.

Curieusement, la société ne reçut jamais aucune aide financière du gouvernement confédéré ni de l'armée du Texas pour lancer la production. De plus, les frères Dance n'avaient aucune expérience de la fabrication d'armes. De plus, ils s'étaient tous les quatre engagés dans le 35th Texas Cavalry.

Ils firent mieux que tout autre producteur confédéré pour lancer leur production, et les Archives Nationales indiquent que les 3 frères George, David et Isaac furent détachés à l'usine de production le 1er mai 1862, où ils restèrent jusqu'à la fin de la guerre. Ils réussirent même, malgré la difficulté présentée par le Confederate Conscription Act, à localiser 35 ouvriers qualifiés et à les faire détacher à l'usine également.

En novembre 1863, la fabrique fut transférée à Anderson, où se trouvait une autre fabrique appartenant à l'état confédéré.

La Dance Bros a été le quatrième plus important fabricant de revolvers de la Confédération, et le seul à avoir produit les calibres .36 et .44. Selon les n°s de série des armes ayant survécu, on pense qu'environ 350 revolvers de calibre 44 ont été produits au total, et environ 135 revolvers de calibre .36.

LES REVOLVERS DANCE

Ces revolvers sont, comme tant d'autres, des copies de Colt. Les 44 et 36 sont de modèle identique, exception faite de leurs dimensions.

La caractéristique la plus remarquable de ces revolvers est l'absence de bouclier arrière sur la plupart d'entre eux. Beaucoup de spéculations circulent à ce sujet, mais une des explications les plus simples est que les cakes de métal disponibles n'étaient pas assez épais pour y prévoir ces boucliers. Cependant, une partie de la production a bien été pourvue de boucliers arrière, et on a même retrouvé un exemplaire dont il est évident que le bouclier a été supprimé après production.

Les Dance ne portent pas de nom du fabricant, mais la plupart portent des numéros de série. Sur certains, ces numéros sont remplacés par diverses combinaisons de zéros, de losanges et d'étoiles, et encore d'autres n'ont aucun marquage. Ceux-là sont supposés avoir été vendus sur le marché civil.

Ils ont le canon rond, mais des exemplaires sont connus qui ont un canon octogonal; tous comportent 7 rayures à droite sans accélération.

Les revolvers en calibre 44 ont les dimensions du Colt Dragoon, mais sont plus légers. Leur barillet est aussi moins long, ce qui les rend donc moins puissants.

La photo 1 montre une comparaison entre un Colt Dragoon 2nd model  (en haut) et un Dance calibre 44 (en bas).

Le pontet de ces revolvers est très épais, bien qu'au début de la production il était d'épaisseur normale.

Les revolvers en calibre .36 sont beaucoup plus rares que ceux en .44; il semblerait que pas plus de 135 n'aient été fabriqués, et les survivants sont aujourd'hui rarissimes. Trois d'entre eux, les n° 48, 50 et 51, connus à ce jour, ont un bouclier arrière. Tous les Dance en calibre 36 ont une vis un peu mal placée, fait dû à l'utilisation d'un mauvais foret pour le perçage du trou.

La photo 2 montre un revolver à canon rond sans bouclier arrière, comparé à un autre au canon octogonal et pourvu de ce bouclier. Tous deux sont du calibre 44.

La photo 3 montre le n° de série 135, calibre .36 le plus haut n° de série connu dans ce calibre.

Un seul revolver en calibre 44 est connu, qui porte le nom de G. Erichson, Houston, Texas sur le canon. Ce nom est celui d'un revendeur de Houston, qui a probablement acheté un certain nombre de Dance et les a revendus après les avoir marqués de son nom. (Photo 4).

Enfin, un seul Dance en calibre 44 à l'état neuf a survécu aux vicissitudes du temps et est parvenu jusqu'à nous, c'est le n° de série 296. Il n'a jamais tiré. (photo 5)

La photo 6 montre le chef indien Geronimo armé d'un Dance calibre 44.  (Cette photo est sans doute plus tardive et a été composée, Geronimo portant une ceinture à alvéoles pour cartouches, accessoire inexistant à l'époque de la percussion).

Marcel

 

Copie du Colt Dragoon. Remarquez l'absence de bouclier arrière, typique des Dance

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