Armes de Poing Iconiques du Cinéma et de la Culture Pop
Quatrième
Partie
Le Revolver Réglementaire Webley Mk VI : Rule Britannia !
Le mot revolver provient initialement du latin revolvere ou revolvare qui signifie tourner. Son évolution a donné en espagnol le verbe revolver (bouger, remuer), et en anglais to revolve (provoquer une rotation). L’ancien français utilisait également le verbe revolver dans le sens de dérouler ou feuilleter. L’apparition des pistolets à système rotatifs, et donc dotés d’un barillet, donna un sens nouveau au terme revolver qui devint internationalement l’appellation consensuelle de ce type d’armes de poing.
Cette acception nouvelle dont la sonorité et la signification s’entendaient aisément dans ces trois grandes langues européennes et américaines firent entrer le mot revolver dans la culture populaire, parfois dans son double sens. Par exemple, on le retrouve dans le monde musical avec le septième album des Beatles intitulé « Revolver » en 1966, le groupe de rock français baptisé « Revolver », le groupe de rock américain « Velvet Revolver », et évidemment l’imparable tube de Marc Lavoine « Elle a les Yeux Revolver » sorti en 1985 (composée par Fabrice Aboulker). En littérature, le terme apparaît dans le titre de nombreux ouvrages policiers, dont notamment « Le Revolver de Maigret » de Georges Simenon en 1952. Le cinéma n’est évidemment pas en reste avec par exemple le film intitulé « Revolver » de Guy Ritchie en 2005, dont le scénario est co-signé avec Luc Besson, avec Jason Statham et Ray Liotta dans les rôles principaux.
La firme Webley & Scott est une
fabrique d’armes fondée à Birmingham (Angleterre) ayant produit des
armes à feu de 1834 à 1979, date à laquelle elle se concentra sur la
production d’armes à air. Elle reste célèbre pour avoir fourni à
l’Empire Britannique ses revolvers réglementaires de 1887 jusqu’aux deux
conflits mondiaux du 20ème siècle.
En 1897, elle fut
baptisée Webley & Son, puis Webley & Scott
Revolver and Arms Company Ltd of Birmingham.
L’un des
premiers revolvers Webley en calibre 455 Webley fut le WG Army Model
(Webley Goverment), à brisure vers le bas et canon de 6 pouces, produit
à partir de 1879. Il ne fut pas vraiment réglementaire dans l’Armée
Britannique, mais fut plutôt conçu comme une arme commerciale à
l’intention des officiers britanniques. Cependant, le WG passe pour le
précurseur des revolvers d’ordonnance Mk I à Mk VI.
Les revolvers Webley & Scott Mk I à Mk V en calibre 455 Webley furent réglementaires dans l’Armée Britannique de 1887 à 1915. Ils sont munis d’une crosse en bec de corbin et d’un mécanisme à double action. Parfois surnommé « The British Peacemaker », le Mk I fut produit en calibres 450, 455, et 476 Webley.
Le revolver Webley Mk VI leur succéda de 1915 à 1947. Il présente un canon long et une crosse à pente droite. Comme ses prédécesseurs, son barillet est solidaire du canon et l'ensemble bascule vers le bas pour le chargement et l’extraction des étuis. Ses organes de visée sont fixes. Ses poignées en caoutchouc durci possèdent un anneau de dragonne. De 1887 à 1945, les revolvers réglementaires Mk I à Mk VI ont participé à la Guerre des Boers, la Révolte des Boxers et les deux Guerres Mondiales.
Fabriqué à 300000 exemplaires par Webley entre 1915 et 1921 puis par l'Arsenal Royal d'Enfield, l’imposant Mk VI a été largement utilisé par la Grande-Bretagne et ses colonies (Nouvelle-Zélande, Australie et Afrique du Sud) durant la Seconde Guerre Mondiale, et même jusqu'à la fin des années 1950. Il serait mêlé à un fait historique s’étant déroulé au cours de la Première Guerre Mondiale : Oswald Rayner, un officier des services secrets britanniques, aurait participé à l’assassinat du moine Raspoutine avec un Webley Mk VI en calibre 455 le 30 décembre 1916.
Aujourd’hui plusieurs répliques du Mk VI sont disponibles, en particulier par la firme Webley elle-même, en calibre 6 mm BB et propulsion à CO2.
Le Revolver Webley Mk VI sur les Écrans
Éliminons d’entrée quelques erreurs souvent commises : le revolver Webley Mk VI est régulièrement vu dans les diverses adaptations des aventures de Sherlock Holmes au cinéma et à la télévision, notamment dans l’excellente série Granada avec Jeremy Brett dans le rôle principal. Cependant il s’agit d’un anachronisme patent, puisqu’il ne fut produit qu’à partir de 1915, et que Sherlock mena sa carrière antérieurement à la première Guerre Mondiale. Il est également souvent attribué au personnage d’Indiana Jones, interprété par Harrison Ford dans les films de Steven Spielberg sur les idées de George Lucas. C’est cependant erroné, l’arme d’Indy Jones est en fait un Webley WG.
La première apparition véritablement notable du Mk VI au cinéma réside dans le film « Les Trois Lanciers du Bengale » (Henry Hathaway, 1935) aux mains de Gary Cooper (1901-1961).
Mais le film le plus emblématique où apparaît un Webley Mk VI est certainement l’inoubliable chef d’œuvre « Lawrence d’Arabie », de David Lean en 1962, où le rôle-titre est tenu par Peter O’Toole (1932-2013). Celui-ci tient en main son Mk VI dans plusieurs scènes majeures de l’action. Le film relate la vie de l'officier et écrivain britannique Thomas Edward Lawrence (1888-1935), à partir de son récit autobiographique « Les Sept Piliers de la Sagesse », lequel focalise sur son engagement dans la grande révolte arabe de 1916-1918. On note que Lawrence utilise également un Webley lance-fusée dans une scène du film.
Preuve de la longévité du Webley Mk VI, dans « Le Jour le Plus Long » relatant le débarquement des forces alliées en Normandie le 6 juin 1944, c’est Richard Burton qui en dispose dans le rôle d’un officier anglais de la Royal Air Force.
On l’aperçoit aussi dans « Zardoz », film philosophique et futuriste de John Boorman (1974). C’est également avec ce revolver que Vito Corleone dans sa jeunesse (joué par Robert De Niro) assassine en 1921 Don Fanucci dans « Le Parrain 2 » de Francis Ford Coppola (1974). Jean-Jacques Annaud le montre plusieurs fois dans ses films « 7 Ans au Tibet » (1997) et « Or Noir » (2011).
Plus récemment, c’est la série télévisée « Peaky Blinders » qui met le Mk VI en vedette, aux mains du chef de gang de Birmingham Tommy Shelby (interprété par Cillian Murphy) ainsi que de plusieurs membres de sa famille durant l’entre-deux-guerres.
Arme légendaire de l’Empire Britannique, on trouve de nombreux produits dérivés à l’effigie du Webley Mk VI.
Enfin, dans le domaine de la Bande Dessinée, le génial dessinateur italien Hugo Pratt (1927-1995) est l’auteur des aventures du fameux marin et aventurier Corto Maltese. Ce dernier est souvent conduit à utiliser des armes, parmi lesquelles un revolver Webley Mk VI. La ville de Bruxelles, capitale incontestable de la BD, rendit hommage au dessinateur et à son héros avec une fresque monumentale inaugurée en 2009 au Quai des Péniches, sur laquelle Corto Maltese est représenté dans plusieurs scènes avec son Mk VI en mains. Les images correspondantes sont visibles à partir des liens suivants :
http://archivespratt.over-blog.com/article-fin-des-fresques-a-bruxelles-37688642.html
Remerciements
The author wish to
express his gratitude to Andrea-world brand for allowing reproduction of
Lawrence of Arabia figure (Photos 8). Website:
https://www.andrea-world.com/en/.
Pour en Savoir Plus
Pour éviter tout risque de litige sur les droits de reproduction, nous avons choisi (à regret, et sauf pour « Les Trois Lanciers du Bengale de 1935) de ne pas représenter d’images, d’affiches ou de photos d’acteurs des films cités, hormis les reproductions philatéliques et d’objets dérivés. Cependant, le site spécialisé « Internet Movie Firearms Database » permet d’accéder à des milliers d’informations et de photos dans ce domaine : https://www.imfdb.org/wiki/Main_Page.
Pour les biographies des personnes citées et toutes les informations sur les films :
Photo Lawrence
d’Arabie :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:T.E._Lawrence_With_Lawrence_in_Arabia.jpg
Source Internet sur les revolvers Webley réglementaires :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Webley_Mk_I-VI_calibre_.455
Article de magazine en français sur le revolver Webley Mk VI :
Une étude très complète par Hervé le Goff, Gazette des Armes N°447, novembre 2012.
Jean-Christophe Plaquevent