LES REVOLVERS “SMITH” D’AUTRES FIRMES DE EIBAR

 

Revolver “SMITH”, D.A., 6 coups, cal. .44, Canon de 126 mm. Marquage “SMITH & WESSON AMERICAN METALLIC CARTRIDGES CAL .44 JAN 24.83 PATD./ARE TO BE USED FOR OUR MODEL PROD 1895. 83070 REVOLVERS” LOGO “G.A.C.” (GARATE, ANITUA Y Cía) num. 368/041.

Sur ce revolver, l’inscription confuse cite une référence à un brevet obtenu le 24 janvier 1883. Je n’ai pas pu la trouver mais en tout cas, à cette date, il est impossible qu’il ait pu être sollicité par “Garate, Anitua y Cía”.

Après la dissolution de “Larrañaga, Gárate y Cía”, les héritiers de Crispin Gárate s’associèrent avec José Francisco Anitúa en formant la firme “Gárate y Anitúa”, qui apparaît dans le Registre industriel de Eibar de 1893, et cotisait pour un atelier d’armes de 35 ouvriers, comme celui de la firme “Anitúa y Charola”.

José Francisco Anitúa qui cotisait en 1883 pour un atelier d’armes de 3 ouvriers, disparu entre1884 et 1891, fut le 3ième associé de “Larrañaga, Gárate y Cía”. Avant son association avec les Gárate, il réapparaît en 1892 cotisant pour un atelier de 12 ouvriers, Juan José Larrañaga cotisait pour un autre atelier avec 6 autres ouvriers, 27 en 1893 et 17 en 1894. Larrañaga ne s’intégra pas dans la société formée par José Francisco Anitúa et les héritiers de Gárate. Nemesio Astaburuaga, lui, s’associe avec eux, et ainsi en 1894 la firme modifia sa dénomination sociale en “Gárate, Anitúa y Cía”.

A cette époque plusieurs industriels armuriers, portent le nom Anitúa, je n’ai pas réussi à établir le degré de parenté qui aurait pu exister entre Miguel Anitúa, de Anitúa y Charola” et José francisco Anitúa, qui pourrait être lointain.

En 1894, l’atelier d’armes de “Gárate, Anitúa y Cía” devint le plus important d’Eibar et à partir de 1897 cotisa comme “fabrique d’armes”, pour un montant égal à celui payé par “Orbea hermanos y Cía” (2.425 pesetas). Un an auparavant, il enregistrait son logo : les initiales “G.A.C.”, entourées d’un serpent.

Revolver “SMITH”, D.A, Cal. .44, canon de 122 mm. Marquage “SMITH &WESSON CARTRIDGES ARE TO BEST THE EUSKARO REVOLVER”, Nº 37162. Manufacture anonyme.

Avant 1904, je n’ai pas trouvé de brevet au nom de cette firme. Dans son catalogue de 1903, elle offrait plusieurs revolvers “SMITH” en simple et double action, copie du Colt 1872 en divers calibres, des revolvers Bull Dog, Puppy et velodog, une copie du revolver Gasser “adapté à la cartouche Montenegro”, ainsi que des fusils à percussion, des fusils à canon basculant pour cartouches type Lefaucheux ou à percussion centrale et des fusils et pistolets remington. Tout n’était pas produit dans son usine, et il commercialisait aussi la production de divers ateliers.

Sans doute, en conséquence de ce que, en 1884, le revolver “ONA Nº7” de “Orbea Hermanos”, a été “recommandé” pour l’usage des officiers et sous officiers de l’armée, “Gárate, Anitúa y Cía” offrait, en 1903, son revolver “Réglementaire” comme le “modelo Nº 7”, un modèle qui initialement différait du “ONA” par la plaque du côté gauche du corps qui permettait l’accès au mécanisme. Ce détail fut éliminé des derniers modèles produits.

Comme “SMITH” en simple action, il offrait seulement le “Modelo Nº8”, un revolver en calibre .38, avec détente cachée (hammerless), inspiré du Smith & Wesson Cal. .38 S.A. Mexican Model, duquel existent aussi des copies avec marque “Orbea hermanos”

Revolver “SMITH”, simple action, 5 coups, cal .38, canon de 128 mm. Marquage en Or : “ORBEA HERMANOS”.

L’intérêt de “GAC” pour les tout nouveaux pistolets “automatiques”, fut très supérieur à celui de “Orbea y cía”. Le 1ier brevet que je trouve enregistré à son nom, en 1904, fut pour un pistolet basé sur le Mannlicher 1901, qu’il commercialisa avec la marque “La Lira”. Cette année là il obtint aussi des brevets pour des “améliorations” sur des revolvers, “oscillants”, “hammerless”, commercialisé sous le nom “L’ECLAIR”, mais il s’agit d’un autre sujet qui sort de cet article, ainsi que le produit le plus connu de la firme, sa Winchester 1892, brevetée en 1919 et commercialisée sous la marque “TIGRE”, enregistrée cette année là.

Ainsi que presque tous les fabricants d’Eibar, à leurs débuts, la “GAC” marqua ses “SMITH” avec un texte qui n’avait d’autre objet que de créer la confusion avec les authentiques S&W. Cela allait marcher, mais avec une évidente perte de crédibilité.

Pourtant, ses “SMITH” sont considérés parmi les meilleurs fabriqués à Eibar, ainsi que ceux de “Orbea Hermanos y Cïa”, et ceux de “Trocaola, Aranzábal y Cía” (TAC).

Cette dernière firme débuta en 1899 et 1908 cotisa comme fabrique d’armes, comme “Orbea y cía” et “Gárate, Anitúa y Cía”.

REVOLVER “SMITH RÉGLEMENTAIRE”, 6 COUPS, CAL. .44, CANON 129 MM. Marquage “SMITH & WESSON AMERICAN METALLIC CARTRIDGES / ARE TO BE USED FOR OUR MODEL OF REVOLVER”, LOGO “TAC” (Trocaola, Aranzábal, y Cía. 1899-1926).

Je ne m’étendrai pas sur “Trocaola, Aranzábal y Cía”; parmi ses produits ne pouvait manquer le “Smith réglementaire” qui à partir de 1907 pu être offert comme le “Md 1884”, comme j’ai exposé dans l’article “Les revolvers ONA de la firme “Orbea hermanos”.

Je préfère insister sur les tentatives pour “améliorer” les revolvers “SMITH”, en faisant référence à celle patentée en 1890 par José Crucelegui, avec l’énoncé suivant : “un revolver à double détente, dénommé BOTACILINDRO” (=”SAUTE CYLINDRE”).

Simple modification du revolver "Smith" : la seconde "détente" est une pièce qui, fixée au pontet, retient le barillet, le libérant lorsqu'on appuie dessus et permettant ainsi son extraction rapide (son éjection). La firme Larrañaga, Gárate y Cía en arriva au même résultat, par un autre système qu’elle patenta, comme j’ai exposé dans l’article consacré à ses revolvers “SMITH”.

REVOLVER “BOTA CILINDRO”, DOUBLE ACTION, 5 COUPS, CAL. .38, CANON 95 MM. Marquage : FABRICA DE CRUCELEGUI/EIBAR (ESPAÑA) PRIVILEGIADO”

Dans les années 1880-1886, José Crucelegui cotisait pour un atelier avec 1 seul ouvrier (2 en 1881-82), disparaît en 1887 et réapparaît en 1894, cotisant jusqu’en 1899 pour un atelier d’un seul ouvrier en moyenne. En 1888, sous le nom de “Crucelegui et Frère”, figure un brevet relatif à un système de rétrocharge à appliquer aux armes longues, et en 1887, fait son apparition au Registre Industriel. Luis Crucelegui cotisait pour un atelier de 1 ou 2 ouvriers jusqu’en 1902, et augmente le personnel jusqu’en 1912, arrivant à en déclarer 10 certaines années.

José et Luis Crucelegui pouvaient être frères, mais ils ne travaillèrent pas toujours ensemble. La firme “Crucelegui Hermanos” fut fondée par les fils de Luis, vers 1920.

REVOLVER “BOTA CILINDRO”, “HAMMERLESS”, 5 COUPS, CAL. .38, CANON DE 95 MM, Marquage “FABRIQUE DE CRUCELEGUI/EIBAR (ESPAÑA) PRIVILEGIADO”.

En 1884, avant que luis Crucelegui ne cotise pour la propriété d’un atelier d’armes (1887), la “Revista Bascongada” abatí incluant ce fabricant parmi les 12 qui avaient expédié le plus d’armes pendant les 8 premiers mois de l’année, détaillant sa production de 577 fusils à piston mono canon, 36 à 2 canons, 196 fusils Lefaucheux à 1 canon, 111 à 2 canons, 103 fusils remington, 1058 pistolets lefaucheux, 4 pistolets remington et 743 revolvers. Il est évident qu’il se limitait à commercialiser la production de plusieurs autres ateliers. Il est aussi cité par Gregorio de Mújica, dans son livre “Eibar-Monografía historica” (1908), comme: “il est l’un des fabricants qui expédie le plus d’armes dans le pays; il fabrique de bons revolvers et fusils. Il n’était qu’un commercial.”. Le revolver “BOTA CILINDRO” de la “Fábrica de Crucelegui”, fut patenté par José Crucelegui, mais allez savoir, en réalité, qui le fabrica.

Juan Luis Calvó Juillet 2008

Bibliographie:

“1840 – 1940, Cien Años de Pistolas y Revólveres Españoles”, Juan L. Calvó y Eduardo Jiménez Sánchez-Malo, Pontevedra 1993.

“La Industria Armera Nacional, 1830-1940 – Fábricas, Privilegios, Patentes y Marcas”, Juan L. Calvó, Eibar, 1997.

“Revólveres y Pistolas en las FF.AA. Españolas, 1855-1955”, Juan L. Calvó, Barcelona 2003.

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