Rolling block 1867
REMINGTON ROLLING-BLOCK
Petite anecdote intéressante:
La carabine Remington Rolling Block, apparue en 1867, s'est tout de suite révélée très supérieure à ses contempraines, non seulement par sa solidité et la simplicité de son mécanisme, mais également par sa puissance de feu.
Vers 1868, un journaliste américain dont l'histoire semble avoir oublié le nom, publiait dans une gazette du Connecticut un article concernant cette arme apparue récemment sur le marché.
Selon cet article, qu'il faut quand même interpréter en tenant compte de la propension américaine à exagérer certains faits relatifs à leurs produits, aucune des munitions existant à l'époque ne pouvait détruire la Remington RB. Le journaliste nous dit même textuellement ceci:
"La nouvelle arme de Remington résiste à toutes les munitions existantes. Le Banc d'Epreuves Belge a essayé d'en casser une de calibre .50 il y a quelques mois (1868), en introduisant dans la culasse de l'arme une cartouche de carton contenant 750 grains (!!!) de poudre, puis en introduisant par la bouche pas moins de 40 (!!!) balles rondes et finalement deux bourres, de sorte que le canon de l'arme était rempli de la culasse à la bouche par une charge longue de 36 pouces.
L'arme fut placée dans un étau de tir et le formidable coup fut tiré; après quoi, le directeur de ce banc d'épreuve de renommée mondiale (sic) indiqua laconiquement dans son rapport que "rien d'extraordinaire ne s'était produit"". Ben mon vieux...
A vérifier dans les archives du BE de 1868 !!
L'auteur américain Harold Peterson nous raconte l'une des premières utilisations sur le terrain de cette carabine.
En 1867, un cow-boy texan nommé Nelson Scott forma une troupe de 30 hommes déterminés afin de mener un long-drive de 3.000 têtes de bétail du Texas jusqu'au Montana.
Arrivés à Fort Leavenworth, première étape du voyage, Scott apprit que le chef indien Red Cloud avait mis toute la nation Sioux sur le sentier de la guerre. Pour atteindre le but de leur voyage, Scott et ses hommes devaient passer avec leur lent cortège par la Bozeman Trail, en plein milieu du territoire sioux.
Attirés par l'appât du gain**, Scott et ses hommes décidèrent de continuer leur route, non sans avoir, cependant, acheté trente de ces fameuses carabines Remington RB nouvellement apparues sur le marché.
L'immense troupe de bétail et ses chariots d'accompagnement prit ensuite la route de l'Ouest et arriva à Fort Laramie, seconde étape du voyage, sans incident notable; ensuite Fort Reno à la frontière des Badlands du Wyoming, après une "escarmouche mineure" avec une troupe d'environ deux cents (!!) indiens.
Les indiens, habitués à combattre des hommes armés de fusils à chargement par la bouche, savaient qu'ils devaient provoquer
une première salve puis mettre à profit le temps nécessaire au rechargement pour lancer une attaque massive contre l'habituel cercle des chariots des Blancs.
La rapidité de tir des Remington - pouvant tirer jusqu'à 17 coups/minute - surprit les indiens, qui décidèrent de postposer leur attaque.
Au cours de l'escarmouche, un cow-boy avait été tué et deux autres blessés. Scott n'avait donc plus que 27 hommes valides lorsqu'il atteignit Fort Kearny, le poste militaire le plus éloigné vers l'Ouest.
Le Colonel Henry Carrington, commandant du fort, interdit à Scott de continuer son voyage, parce que trois mille Sioux, Cheyennes et Arapahoes bloquaient la piste. Ses 300 soldats, armés des meilleurs fusils Springfield fabriqués au cours de la récente guerre de Sécession, n'osaient pas s'aventurer loin du fort. Essayer de passer avec seulement 27 hommes et 3.000 têtes de bétail était du suicide.
Scott profita cependant de la nuit pour passer outre l'interdiction et continuer son voyage, sachant que les soldats du fort n'oseraient le poursuivre bien loin.
Le test eut lieu l'après-midi suivant. Le chef Crazy Horse, commandant une troupe d'environ 500 braves, se lança à l'attaque.
Laissant leur troupeau se disperser, les cow-boys formèrent leur habituel cercle de chariots et attendirent l'attaque. Les indiens, encore une fois, provoquèrent une première salve pour mettre à profit l'intervalle de silence afin de lancer une attaque massive.
Grâce aux nouvelles carabines, cet intervalle ne vint pas, et le tir régulier et précis des carabines Remington dérouta complètement les indiens, qui furent dispersés et mis en fuite. Scott n'avait à déplorer aucune perte, et put finalement arriver sain et sauf au Montana avec un troupeau n'accusant que le pourcentage toléré de perte (bêtes malades, ou volées par les indiens nomades, ou attaquées par des animaux sauvages.
Cette histoire est-elle vraie ? Personne ne le dira. Nelson Scott et le colonel Carrington ont bel et bien vécu, mais connaissant la détermination des chefs Crazy Horse et Red Cloud et la science de guerre des Indiens des Plaines, il est probable que certains éléments de cette histoire aient été "un peu arrangés", soit par des vendeurs de Remington, soit par les cow-boys aimant raconter leurs épopées le soir autour du feu, ou dans les bordels et saloons où ils dépensaient leur maigre paie.
** "appât du gain"
Des spectacles comme celui de Buffalo Bill, et plus tard le cinéma d'Hollywood, ont complètement déformé l'image réelle du cow-boy des années 1870-1895.
Les John Wayne et autres Tex Avery, habillés de belles chemises sur mesure et armés de Colt SAA gravés aux plaquettes d'ivoire, n'ont jamais existé dans l'Ouest profond. Seuls quelques riches fermiers et planteurs pouvaient se permettre ce genre de luxe.
Le véritable cow-boy était un garçon de ferme fruste et généralement analphabète, sale et hirsute, aux dent gâtées et répandant autour de lui l'odeur de son corps pas baîgné pendant des jours et de ses guenilles non lessivées ni reprisées depuis les Calendes Grecques.
Nourri et logé par son patron mais très mal payé, il devait travailler très dur, souvent dans des conditions effroyables. Il devait être un cavalier hors pair et savoir comment soigner et compter le bétail même en étant analphabète. Il devait en outre être un bon tireur.
La plupart ne pouvaient se permettre qu'un fusil de chasse - l'arme qui a véritablement conquis l'Ouest - les autres armes leur étant fournies par le patron à l'occasion, entre autres, des long-drive.
Ces "long-drive", qui consistaient à mener de gros troupeaux de bétail sur des distances considérables (plusieurs milliers de km) étaient une aubaine pour ces gens, parce que les primes payées étaient assez élevées et que le voyage offrait l'aventure.
Les trains de l'époque ne pouvant tirer suffisamment de wagons pour transporter ces énormes troupeaux, le seul moyen existant de livrer des milliers de têtes de bétail à un acheteur était de mener ce dernier à pied à travers déserts, grandes plaines et montagnes, en essayant au Nord d'éviter les indiens ou de s'entendre avec eux, et au Sud d'éviter les raids des sanguinaires voleurs de bétail mexicains.
Bien armés pour le voyage, les cow-boys devaient chaque jour rassembler leur troupeau, le compter et le mener à bon port sans trop le fatiguer, en passant par des points d'eau et des forts militaires ou des villages où ils pouvaient se ravitailler. Ils ne pouvaient nulle part parquer leur troupeau dans des terrains clôturés, et il fallait donc chaque jour rechercher et récupérer des bêtes égarées. C'était un travail éreintant pour ces hommes qui passaient au moins 12 heures par jour à cheval.
On tolérait un certain pourcentage de perte de bétail (tractations avec les indiens, vol, maladie et même dans certain cas abattage pour se nourrir), mais plus petite était cette perte, plus grande était la prime ajoutée à la paie normale. Ce système poussait évidemment les cow-boys à faire leur travail le mieux possible et à ménager le troupeau.
Quant à la paie et la prime, elles servaient en général à se payer une chambre, un bain parfumé et une lessive chez le blanchisseur chinois du coin avant d'aller dépenser le reste avec les filles du bordel local en buvant du whisky frelaté.
Bien peu de ces cow-boys ont pu se construire une vie normale, beaucoup ont finalement rejoint les rangs des Jesse et Frank James, Quantrill, Jack Hardin, Billy the Kid et autres frères Dalton, les attaques de banque, de trains ou de diligence se révélant plus lucratives et plus faciles que le travail de ferme.
Marcel
Rolling block navy 1867
Joseph Rider, concepteur en chef pour les armes à feu de Remington mis au point un mécanisme de chargement par la culasse dit "Rolling block" en 1866 et la compagnie commença à produire des pistolets et des fusils avec ce mécanisme peu de temps après. Le design de ces pistolets fut d'abord admis par la marine des USA en calibre .50 percussion annulaire et en 1867 cette conception a été adaptée pour les cartouches à feu central.
Seulement approximativement 6.000 ont été fabriqués pour la marine et plus tard un nombre semblable de pistolets légèrement modifiés ont été vendus à l'armée des USA.
Les revolvers Colt à percussion de la guerre civile américaine n’on pas représenté l'amélioration finale d'une technologie désuète et donc l'adoption des pistolets Rolling block de Remington en 1867 était dans un certain sens un pas en avant. Cependant, aller d'un six coups à une arme à un seul coup était également un pas en arrière.
Beaucoup de facteurs doivent avoir affecté le choix. Dans la décennie de 1860, le développement des revolvers a été bloqué par l'application énergique du brevet de Rollin White par Smith et Wesson, de sorte que le seul revolver de fabrication Américaine à cartouche a été le S & W modèle 2 Old Army. Tandis que beaucoup de pistolet Smith et Wesson ont été achetés en privé pendant la guerre civile, ils n'ont été jamais favorisés par le gouvernement par rapport aux pistolets désuets de colt, ce n’est donc pas une surprise que ces mêmes revolvers Smith & Wesson n'ait pas été adoptés après la guerre non plus. Tandis que pour Colt, Remington et d'autres, le chemin des revolvers à cartouche est resté fermé en 1867, les pistolets qui utilisaient des cartouches directement dans une chambre continue avec le canon n'étaient pas couverts par le brevet de Rollin White, expliquant la prolifération des derringers simple et multi canon et plus encore les pistolets à un coup comme le Bulldog de la Connecticut Arms.
Les pistolets Rolling Block de Remington semblent être le produit final de cette ligne du développement.
Bien que Remington continue à faire des armes longues Rolling block à ce jour, les pistolets Rolling block ont été fabriqués seulement jusqu'aux environs de 1872, puisque en 1873 Colt et Remington étaient libres pour faire des revolvers à cartouche et le pistolet à un coup a été abandonné comme arme militaire.
Roger Papke (USA)