Revolvers fabriqués en Europe

LES REVOLVERS KERR  (Prononcez "Carr")

 La  fabrique d'armes britannique London Armoury Company fut fondée le 9 février 1856. Parmi les actionnaires les plus importants, on trouve les noms de Robert Adams (inventeur du revolver Adams), et James Kerr. La société était établie sur l'ancien site de la South-Eastern Railway Company, dans le quartier de Bermondsey à Londres.

La société connut une période florissante grâce à la manufacture sous licence du revolver Adams. En 1859 cependant, ne pouvant accepter une décision du conseil d'administration d'augmenter la production de fusils d'infanterie au détriment des revolvers, quitta la société et revendit ses parts. James Kerr devint dès lors la figure de proue de la société.

L'augmentation de la production se concrétisa par la manufacture en masse du fusil Enfield modèle 1853, pour lequel la firme avait de gros contrats avec le gouvernement britannique ainsi qu'avec des clients privés.

La société ne se désintéressa pas pour autant du revolver, et James Kerr déposa même plusieurs brevets additionnels en ce sens.

En 1859 commença la production d'un nouveau revolver, qui devint connu sous le nom de Kerr's Patent Revolver.

Bien que la L.A.C n'ait pas obtenu de contrat avec le gouvernement britannique pour ces revolvers, des ventes modestes furent réalisées, à divers détaillants et unités de volontaires. En novembre 1861, le gouvernement des Etats-Unis acheta 16 revolvers, qui seront les seuls à être achetés officiellement par l'armée nordiste.

Lors de son arrivée à Londres au début de la guerre de Sécession, le capitaine Caleb Huse, chargé d'acheter des armes par le gouvernement confédéré, se rendit immédiatement au siège de la L.A.C et offrit à Kerr un contrat pour l'achat de sa production entière de fusils et de revolvers. Après quelques échauffourées avec des agents de l'Union également présents à Londres, et la résiliation d'un contrat en cours avec le gouvernement britannique, Caleb Huse réussit à signer un contrat avec la London Armoury, dans lequel était stipulé que cette dernière fournirait à Huse, pour le compte de la Confédération, toutes les armes qu'elle produirait.

Par ce contrat, la London Armoury devint pratiquement un arsenal confédéré établi en Angleterre.

Selon les archives qui ont survécu, environ 80.000 fusils Enfield et 9.000 revolvers Kerr furent vendus à Huse. Plus de 70.000 fusils et au moins 7.000 revolvers furent construits et expédiés, mais on ignore le nombre exact des armes ayant réussi à forcer le blocus de l'Union et à avoir été livrées à l'armée confédérée.

Quoi qu'il en soit, la London Armoury Company fournit plus de revolvers à l'armée confédérée que tout autre fabricant.

Le capitaine James D Bulloch, agent de la marine confédérée, signa également un contrat pour la livraison de revolvers de type Navy (cal .36). Aucun document portant sur les détails de ce contrat n'a cependant survécu.

Les armes livrées par la L.A.C. étaient considérées comme les meilleures de toutes les armes livrées à l'armée confédérée. Ceci a été confirmé tant par Huse que par Bulloch, ainsi que dans une lettre d'avril 1863, portant sur la commande de 200 revolvers par l'armée du Tennessee, et précisant que le Kerr était préférable au revolver Spiller & Burr.

Le sort de la London Armoury Company était si étroitement lié à celui de la Confédération, que la société cessa d'exister dans l'année qui suivit la chute de celle-ci.

LES REVOLVERS

Le revolver Kerr est fondamentalement différent des autres revolvers de son époque. Il est équipé d'un chien latéral et d'une platine "en-arrère" similaire à celle de nombreux fusils à percussion. Son mécanisme est extrêmement simple, et peut être réparé en tout lieu par n'importe quel armurier, sans qu'il n'ait besoin de pièces de rechange spécifiques.

L'axe du barillet entre dans la carcasse par l'arrière et il suffit de le tirer en arrière pour démonter le barillet.

Ce revolver fut produit dans les calibres .36 et .44, et aussi bien en double qu'en simple action, avec un barillet à 5 coups. Seuls les revolvers simple action en calibre .44 furent livrés à l'armée confédérée.

La plupart des marquages de ce revolver sont gravés, et non frappés comme sur les autres armes de ce type. Beaucoup portent, sur la face avant du bâti de crosse, les lettres JS et une ancre. Ce poinçon n'a aucun rapport avec l'armée confédérée, et on pense qu'il s'agit des initiales de J. Smiles, fabricant de crosses à Londres.

Les numéros de série des revolvers Kerr livrés à l'armée confédérée se situent entre 3000 et 10.000.

Bon, à propos du Kerr, on pourrait encore dire que ce revolver était le plus gros concurrent anglais des Le Mat, tout comme le Lefaucheux 1854 était son plus gros concurrent français.

L'argument massue du major Caleb Huse pour refuser les Le Mat et favoriser le Kerr était le prix ($35 CSA pour un Le Mat contre $5 CSA pour un Kerr); mais il est clair que Caleb Huse, soutenu tant par le général Gorgas que par James Kerr ($$$$) a utilisé un tas de subterfuges et de manoeuvres subreptices pour retarder les contrats d'au moins 6 mois. Mais ça, c'est de la politique, n'est-ce pas...

Marcel

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