Le Revolver Tower Bull Dog de David Bentley
Le succès immédiat du revolver British Bull Dog N°2 de Webley
commercialisé dès 1873 incita de nombreux concurrents à proposer leur
propre version de ce nouveau type de revolver. La majorité des variantes
et copies est venue de Liège , Eibar, et bien évidemment du Royaume-Uni.
La plupart des fabricants anglais, comme Bland (Birmingham), Mitchell
(Manchester), Bradell & Sons (Belfast) proposèrent rapidement leur
propre interprétation, plus ou moins proche du concept initial.
L’un des meilleurs concurrents du N°2 de Webley consiste en le Tower
Bull Dog, dont l’origine même reste encore énigmatique et sujette à
discussions entre experts. Ce revolver commercialisé au début des années
1880 a très longtemps été attribué à la firme Webley elle-même. La
raison principale en est le logo figurant sur ces armes représentant la
Tour de Londres, qui fut déposé par Webley, et que l’on retrouve sur la
carcasse du Tower Bull Dog.
Cependant, de nettes différences caractérisent le Tower Bull Dog par
rapport aux Bull Dogs Webley N°2, en particulier la forme de la poignée
dotée d’un busc et d’une courbure affirmée permettant de meilleures
tenue et prise en main.
Les spécialistes considèrent aujourd’hui que la marque London Tower fut
acquise par Webley auprès de David Bentley vers 1884. Ce dernier avait
un lien commercial proche avec Webley, et était un professionnel opérant
de 1871 à environ 1883. Il était en parenté avec Joseph Bentley, connu
pour avoir collaboré avec la famille Webley pour produire l’un des
meilleurs revolvers à percussion connus, à savoir le Bentley-Webley
double action en différents calibres du 36 au
45. Ce revolver fut commercialisé au milieu des années 1850, et
témoigne des liens étroits entre armuriers de Birmingham, notamment
entre les familles Webley et Bentley.
Outre les poinçons d’épreuve de Birmingham et le logo de la Tour de Londres, les marquages typiques du Tower Bull Dog sont l’indication du calibre (For 450 Central Fire Cartridge, gravé sur le côté gauche de la carcasse au-dessus du barillet), et The Tower Bull Dog.
L’exemplaire de Numéro de Série 512 a été revendu en coffret par
l'armurier travaillant à Londres, entre 1883 et 1898.
Pour s’être exercé au tir de loisir avec de nombreux revolvers Bull
Dogs, l’auteur de ces lignes estime que ce modèle présente certains
avantages par rapport à ses concurrents, comme sa meilleure prise en
main et son poids plus élevé assurant un meilleur équilibre au tir. Sa
ligne plus tourmentée, massive et moins élégante que celle des Webley
N°2 ne manque pas d’un certain charme et évoque immédiatement une
impression de puissance. Enfin, sa qualité de fabrication est
irréprochable, de même que l’onctuosité de son mécanisme.
La question de l’origine de sa fabrication reste ouverte, la seule
certitude étant celle d’un travail collaboratif entre Bentley et Webley.
Un exemplaire précoce en dotation auprès de la police de Toronto
(Canada) présente même à la fois le logo de la balle ailée typique de
Webley ainsi que la signature de David Bentley ! On notera la poignée
monobloc qui rapproche cet exemplaire d’un revolver RIC, et le Numéro de
Série peu compatible avec la faible production des Tower Bull Dogs
typiques. Ce dernier point évoque nettement une fabrication par Webley,
confirmée par le logo de la balle ailée.
Jean-Christophe Plaquevent |