Juan José Larrañaga
Les fautes d'orthographe délattent la copie, mis à part le fait qu'il manque un Nº de série de S&W sérieux.
C'est une copie, fabriquée par 2 armuriers basques dont les initiales étaient J et L, comme vu sur les plaquettes de crosse.
On y lit, dans le style S&W de l'époque, "J Y L".
Rien à voir avec un Euskaro, qui est une marque commerciale déposée, et qui porte invariablement sur le canon le marquage "Smith&Wesson cartridges are those that fit the best in the Euskaro revolver", sur 2 lignes et sans faute dans le nom de S&W. Il ne s'agit d'ailleurs que d'une référence à la munition et non à l'arme elle-même.
Par ailleurs, ton correspondant a évidemment raison quand il dit qu'il s'agit d'une copie. Je pars comme lui de l'idée qu'il s'agit d'une copie espagnole, mais en fait rien de tangible ne nous permet d'affirmer cette provenance avec certitude.
Je constate que l'arme présentée ne porte aucun poinçon d'épreuve, lesquels devraient apparaître sur le côté gauche du bâti, sous le barillet.
Dans le Zhuk, parmi les nombreuses copies espagnoles de S&W DA Topbreaks, je ne trouve qu'un seul modèle de revolver identique dans tous ses détails sauf deux:
- le logo figurant sur le haut des plaquettes représente une tête de chien, et non d'hypothétiques initiales
- le poinçon "Trade Mark" sur le côté droit du bâti semble contenir les lettres H et I et est en forme de blason au lieu d'un ovale.
Pour le reste, ce revolver est en tout point identique à celui qui nous occupe, y compris la rosette en forme d'étoile autour de la vis des plaquettes, la forme de la détente et du pontet, le profil du canon etc.
Zhuk attribue malheureusement cette arme de référence à un "maker unknown", il n'a donc pas pu en identifier le fabricant.
Mes conclusions, sans toutefois donner de garantie:
Il s'agit d'une copie "sauvage", complètement illégale. Non pas à cause de son modèle, mais justement à cause de ces marquages. A ce sujet, la législation espagnole ne diffère pas de la nôtre: étant donné que S&W n'a jamais déposé aucun brevet en Espagne (avec n°, description, croquis et éventuellement prototype), le législateur ibérique aurait automatiquement déclaré irrecevable toute plainte concernant un plagiat ou une copie de l'arme elle-même ou de son système, et n'aurait jamais refusé une demande de brevet de la part d'un moine copiste local.
Dans le cas présent cependant, la situation est toute différente, parce que nous sommes en présence d'un marquage qui, nonobstant l'orthographe intentionnellement fautive, est manifestement destiné à tromper ou a essayer de tromper l'acheteur quant à la provenance de cette arme.
Le premier tribunal d'attardés venu, même dans la pire des républiques-banane, considèrerait ce marquage comme un plagiat évident, avec intention de nuire, et ferait du petit bois de tous les arguments de défense du contrevenant, qu'il y ait plainte de S&W ou non.
En Espagne, ça veut dire la taule, et dans ce pays on ne confond pas encore la prison avec le séjour touristique tout confort comprenant moult journées portes ouvertes avec baptême de l'air gratuit en hélico dont nous détenons tous les brevets.
Le paltoquet plagiaire s'est donc bien gardé de présenter l'arme au Banc d'Epreuves, lequel n'aurait pas manqué de trébucher sur un marquage aussi manifestement félon, ce qui explique l'absence de poinçons.
Je suppose qu'un certain nombre de ces copies sauvages ont été à l'époque écoulées sous le manteau. Il y a gros à parier qu'elles proviennent du même fabricant non identifié dont les autres exemplaires sont repris dans le Zhuk, mais dans l'état actuel des choses je ne peux rien affirmer.
Ce fabricant peut très bien avoir reçu un contrat officiel pour un nombre de pièces limité, qu'il aurait ensuite juteusement complété à son profit personnel en utilisant les mêmes gabarits et en apposant ces marquages bidons.
Cette arme n'est sans doute pas unique, mais il faut reconnaître que de pareils plagiats se rencontrent rarement; pour cette raison, et vu l'état de conservation plus que convenable de ce revolver, je dirais qu'il mériterait une place de "curiosité" dans toute collection. Même si sa valeur vénale n'est pas élevée, il n'en est pas moins un témoin tangible des traficotages des années 1880.
Voilà mon opinion personnelle.
Marcel
Bon je vous envoie les photos du texte. Rien de nouveau, on lit bien effectivement Smit & Weson, et des erreurs d'orthographe volontaires.
Quant au logo sur les plaquettes, je crois qu'il indique "J Y L" (J ET L), c'est une habitude très d'ici, de donner comme nom à une entreprise un mix des noms des propriétaires. (Par exemple, si les associés sont Suarez et Fernandez, souvent on trouve "SUAFER") Il n'y a qu'à voir les logos des pistolets de Eibar, vous avez par exemple HA : Hermanos Acha (Acha Frères) et le plus connu EU (Esperanza y Unceta).
C'est pour ça que je crois que ce sont les initiales des noms des fabricants, sans trop d'erreurs possibles. De là à savoir qui ils sont, c'est autre chose.
De nouvelles recherches menées par un correspondant très actif nous ont permis d’en savoir plus sur ce logo.
En fait les initiales des plaquettes ne sont pas J Y L, mais J J L, ce qui correspond à "Juan José Larrañaga", fabricant d'armes très connu à Eibar. Il fabriquait les plaquettes de crosse pour d'autres fabricants.
C'est pour ça qu'on retrouve ces initiales sur d'autres armes poinçonnées par d'autres artisans.
Mais cette pièce a les plaquettes et le poinçon. C'est un Juan José Larrañaga.
Larrañaga était l'un des 4 fabricants principaux en 1870, avec "Orbea Hermanos", "Ibarzábal" et "Zuloaga".
En 1884, associé à Crispin Gárate, il fonde "Larrañaga, Gárate y Cía", compétiteur de "Anitúa y Charola", bien par devant "Orbea Hermanos".
Cette pièce aurait très bien pu être produite vers 1894, époque du boom des revolvers "Smith", copies des S&W.
Ce Larrañaga sous traitait aussi le polissage des armes pour de nombreux autres ateliers.