Lefaucheux / Rieger / Laffiteau

Source : Archives privées de la Famille Lefaucheux

 

Lettre de Madame Vve Eugène Lefaucheux à Monsieur Rieger le 12 avril 1898

 

Monsieur,

J’ai été très étonnée hier en voyant le Figaro citer après Gastine Renette, Lefaucheux comme membre de la nouvelle société « le fusil de chasse ».

Ni moi ni mon fils ne faisons partie de cette société, j’ai donc pensé que vous seul avez pu autoriser le journal à cette mention et je viens vous prier de la faire rectifier.

Je regrette Monsieur d’être forcie de vous renouveler l’interdiction que je vous avais faite d’avoir à vous servir du nom de mon mari qui ne vous appartient nullement et j’espère que vous comprendrez enfin tout ce que ces réclamations ont de pénible pour moi

 

Recevez …………..

 

 Réponse de Monsieur Henry Rieger à Madame Vve Eugène Lefaucheux le 13 avril 1898

 

Fabrique d’Armes

Maison Lefaucheux

Henry Rieger successeur

37 Rue Vivienne

Paris

Téléphone 134-00

 

Paris, 13 avril 1898

 

Madame E. Lefaucheux , 20 Boulevard de Courcelles

 

Madame,

Votre lettre du 12 avril 1898 m’est bien parvenue, elle m’a péniblement surpris, car j’ai la prétention d’être loyal et fort honnête et de jamais être incorrect.

Ceci dit, je suis forcé de vous rappeler que :

1° Mr Eugène Lefaucheux

2° Mr et Mme Waroquet

3°et Mademoiselle Félicie Lefaucheux

Ont vendu

Par acte notarié à Mr et Mme Laffiteau la maison de commerce de Lefaucheux père et le droit exclusif de se servir du nom de Lefaucheux sans initiale ni prénom, moyennant la somme de cent cinquante mille francs et que ces vendeurs se sont interdits le droit de se servir du nom de Lefaucheux seul (Droit qui n’a pas toujours été respecté).

C’est à dire que dans le cas ou ils voudrais s’en servir ils devraient le faire précéder d’un prénom.

Ce même droit m’a été transmis également par acte notarié, comme je le transmettrai à mon successeur a moins que vous ne désiriez rentrer en possession du nom de Lefaucheux, droit que je suis disposé à vous vendre.

Il est donc bien clair et bien certain que seul j’ai le droit de me servir du nom de Lefaucheux sans aucun prénom, pour annonces, réclames, affaires divers et commercialement parlant bien entendu.

Dans tous les cas je ne puis être répréhensible vis à vis de vous que si je me sers de vos prénom ou de ceux de votre mari.

N’ayez aucune crainte, Madame, vous n’aurez jamais pareil reproche à m’adresser.

Dans le corps de votre lettre, vous me dites aussi que vous êtes forcie de me rappeler l’interdiction que vous m’avez déjà faite de me servir du nom de votre mari. Vous faites erreur, Madame, je n’ai jamais reçu pareille interdiction et c’est la première fois que j’ai l’honneur de recevoir une lettre de vous.

Je ne me suis du reste jamais servi du nom de Mr Eugène Lefaucheux, le mien me suffit, il est, je peut le dire assez honorablement connue.

Je profite de cette circonstance pour vous rappeler qu’en Novembre 1873, Mr Eugène Lefaucheux, voulant faire, faire un travail biographique est venu me prier de lui confier tout ce qui avait trait à la maison Pauly et Lefaucheux père, tels que actes de vente, brevets, diplômes, médailles ect. ect. le tout était contenu dans une cassette en chêne. Je lui remis le tout, même les brevets pris par Laffiteau et ceux de Laffiteau et Rieger avec médailles et diplômes, depuis cette époque j’ai eu la négligence de ne pas les réclamer, je vous serait fort obligé de me faire remettre ces articles que sont ma propriété et que je devrai transmettre à mon tour à mon successeur.

Recevez, Madame, l’assurance de mes considération

 

Henry Rieger.

 

P.S. quant à l’article du Figaro du 11 avril 1898 que vous me signaler dans votre lettre, cette insertion n’a pas été faite par moi et elle m’est complètement étrangère.

 

Jean Pierre Alexis Laffiteau

Laffiteau dans la continuité de Casimir Lefaucheux

Casimir meurt le 9 août 1852

Il laisse à son épouse, Françoise Constance Faivre le magasin du 37 rue Vivienne et une excellente réputation. Elle gère avec Eugène, son fils, le magasin et dépose en 1853, avec Mr Lépine un brevet.

Eugène prend de l’indépendance et crée le 14 Janvier 1855 sa première société dont le siège est au 37 rue Vivienne : « E. LEFAUCHEUX et Cie »

 

Eugène quitte l’appartement de sa mère au 37 rue Vivienne en 1856 et prend ses appartements  au 4eme étage du même immeuble.

En 1857 il quitte définitivement le 37 pour s’installer rue Lafayette n° 9 dans le même immeuble que Mr Binard et y installe aussi sa société.

 

Le 11 octobre 1858, Eugène Lefaucheux et ses trois autres actionnaires achètent pour 96.000 frs un terrain – usine au 104 Rue Lafayette, et commencent les transformations.

 

A l’occasion du mariage de Constance Lefaucheux (sœur aînée d’Eugène) avec Jean Pierre Alexis Laffiteau le 7 février 1859, Madame Casimir veuve prend sa retraite à Saint Maur (maison de famille des Faivre) en gardant néanmoins la "direction des opérations" au 37. Jean Pierre Laffiteau est désigné comme "le voisin" de la Rue Vivienne. (Il sera aussi témoin lors du mariage d’Eugène Lefaucheux et Marie Louise Bigot le 28 avril 1862).

 

C’est le moment pour Eugène de déménager ses ateliers et de s’installer comme "fabricant d’armes" Rue Lafayette 104 (re-numéroté par la suite 194 – 196).

Ce déménagement va créer deux maisons Lefaucheux :

·        La société « Eugène Lefaucheux et Cie », Rue Lafayette à Paris qui signera ses armes « E. Lefaucheux ».

·        La boutique d’armurier – arquebusier Lefaucheux, 37 Rue Vivienne à Paris qui signera « Lefaucheux ».

Jean Pierre Laffiteau achète à Eugène et ses deux sœurs,  la Maison Lefaucheux père, le droit exclusif de se servir du nom Lefaucheux sans initiale ni prénom et l’utilisation du sigle LF, moyennant la somme de 150.000 frs.

 

Mort de Françoise Constance Faivre, la femme de Casimir le 2 janvier 1863.

Devant le notaire Jules Charles Desforges, une procuration est donnée à Constance Lefaucheux- Laffiteau pour la gestion du magasin, 37 rue Vivienne, ceci le 21 février 1863 par Mr et Mme Eugène Lefaucheux, Mme Waroquet et Félicie Lefaucheux.

 

Le 29 novembre 1865 Laffiteau dépose au greffe du tribunal de commerce de Paris deux poinçons de fabrique :

La femme de Laffiteau, Constance Casimèrine Lefaucheux meurt le Jeudi 17 Juin 1869 à Paris, sans laisser d’enfants.

Henri Rieger s’associe avec Laffiteau en 1871 pour prendre la suite en tant que « Maison Lefaucheux successeur Rieger en 1876.

Une lettre du 12 avril 1898 de Mme Lefaucheux (femme d’Eugène) à Henri Rieger prouve qu’il gère encore le magasin du 37 à cette date.

 

Une facture à entête datée de 1919 atteste que la "Maison Lefaucheux – Rieger successeur" ainsi que la "Maison E. Lefaucheux- Chevalier et Dru successeurs" étaient passées  entre les mains de la maison "C. Modé".

 

En prenant connaissance de ce qui est énoncé ci-dessus, ont peut aisément distinguer 3 périodes de marquage et finalement facilement identifier et attribuer les fusils aux uns ou aux autres.

Il n’y a que durant la période 1852- 1859 jusqu’en 1865 ou on peut avoir un doute d’attribution.

Soit les fusils étaient déjà en stock au 37 Rue Vivienne, mais les canons pas encore éprouvés, donc arme attribuée à Casimir Lefaucheux ;

Soit Madame Lefaucheux veuve à continué à utiliser le même marquage que celui de son mari (logique, normal et évident), et nous devons faire une attribution au trio composé de Mme Lefaucheux, son fils et / ou Mr Laffiteau.

Soit Mr Laffiteau, ayant acheté le nom, et en attendant le dépôt de son propre marquage (nov. 1865) a utilisé le logo LF pour marquage, et là, une attribution uniquement à Mr Laffiteau.

 

1.      Période d’avant 1852, du vivant de Casimir, où le marquage est multiple.

·        LF surmonté d’un pistolet dans un carré aux bords arrondis et un numéro en dessous ou dessus sur la bascule du fusil ou sur le dessous des canons.

·        Lefaucheux à Paris, avec un choix de lettres et emplacements multiples.

·        Invon. Lefaucheux Rue de la Bourse.

·        Lefaucheux inventeur à Paris sur le dessus du canon.

2.      Périodes entre 1852 et 1859 jusqu’en 1865 où on retrouve sur les fusils, le même type de marquage que décrite ci-dessus (sauf "Invon. Lefaucheux Rue de la Bourse") mais comportant des poinçons datant d’après la mort de Casimir.

·        « Fini par Lefaucheux à Paris » avec le LF  ainsi qu’un poinçon Belge, le EL enlacé datant du 16 juin 1853, poinçon provisoire d’acceptation.

·        « Lefaucheux inventeur à Paris » avec le LF avec un poinçon Belge, le L enroulé surmonté d’une étoile valable de Décembre1852 à Décembre1853.

·        Un poinçon LF avec un mécanisme sous canon selon le brevet du 22 Novembre 1849, portant sous les canons un marquage de Saint Etienne de 1856.

·        Sur les canons « Maison Lefaucheux, 37 rue Vivienne à Paris » sans le poinçon LF ….. attribution ?? Mr Laffiteau, Mr Rieger ou …. ?

3.      Période après le 29 novembre 1865 où Jean Pierre Laffiteau dépose à Paris deux types de poinçons (voir plus haut) qu’on retrouve sur la bascule, et le fameux LF, chèrement payé par lui, sous les canons.

Guillaume

 

Fusil 1690

Fusil 2164

Fusil 5720

Lefaucheux Paris

Laffiteau 1865

Lefaucheux Paris

Lefaucheux Saint Etienne

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