Carabine Lefaucheux, 15 mm à broche « ELF 521 ».

A partir de 1869, Eugène abandonne définitivement le revolver pour ne s’intéresser qu’au fusil.

Mais avant d’en arriver là, Eugène Lefaucheux dépose fin 1859, début 1860 un brevet et deux certificats d’addition concernant des carabines à carcasse métallique et culasse mobile avec éjecteur de douille manuel pour canon simple ou double.

Nous avons ici un très curieux fusil à canon fixe 15 mm à broche, mono coup à culasse mobile signé par Eugène Lefaucheux, ressemblant très fortement  au brevet 043104 du 5 décembre 1859 et suite (7 et 20 février 1860).

L’emploi et le mécanisme de cette arme sont simples : un chien, et un levier qui prolonge la culasse.

Le chien et la culasse pivotent autour du même axe.

En tirant sur le levier de la culasse vers le haut et en arrière, cette dernière s’ouvre et amène le chien à l’armé (qui curieusement est très long)

L’ouverture ainsi créée permet l’introduction de la balle.

Une fois la balle placée, on abaisse la culasse avec le levier.

Le chien reste en position permettant de faire feu en tirant sur la détente.

Pour extraire la douille après avoir fait feu, on effectue le même mouvement que précédemment avec le levier et juste avant de passer le cran d’armé, un tire broche, situé sur le côté gauche à l’entrée du canon, éjecte la douille hors du canon.

C’est cet extracteur automatique qui est une des très grandes curiosités de cette carabine.

Fonctionnement de l’extracteur automatique :

En ouvrant la culasse vers le haut ; l’ergot solidaire de celle-ci pousse la bielle horizontale vers l’avant et fait pivoter l’extracteur.

Cette action éjecte la douille hors de son logement.

La rotation de la culasse autour de son axe continue et arme le chien.

En pivotant, l’ergot s’échappe et passe au-dessus de la bielle.

La bielle revient en arrière, sous l’action du ressort avant.

Quand on referme la culasse, l’ergot comprime le ressort de la bielle.

Cette dernière reprend sa place après le passage de l’ergot.

Ce système est robuste et efficace.

Néanmoins sur aucun des brevets (initial ou additions) il n’est fait allusion ou description de ce mécanisme.

Dans le 1er certificat d’addition du 7 février 1860, il est uniquement question, dans les figures 7 et 8 dudit certificat, d’extracteurs manuels.

Extrait du certificat du 7 février 1860:

 « Les fig. 7 et 8 montrent deux moyens mécaniques permettant de dégager instantanément la cartouche du canon ».

Deux carabines à levier manuel (type figure 8) sont d’ailleurs présentes sur le site (voir liens).

Dans le certificat d’addition du 20 février de la même année, Eugène Lefaucheux développe plusieurs variantes d’extraction de douille, pour canon simple et double mais toujours manuelle.

Pourtant cette extraction automatique n’est pas une rareté, elle est signalée dans le livre de Chris Curtis « Système Lefaucheux » page 50-52 (mais en 12 mm).

Une carabine à percussion indirecte (15 mm) ayant le même mécanisme, a été vendue en 1995 lors de la « vente Marsan » et une arme similaire (en 12 mm) est présente dans la famille.

Il n’est donc pas à exclure que le brevet 043104 comporte un 3ème certificat d’addition, mais qui s’est probablement perdu ….. Avis à la population !!!

 

Caractéristiques techniques :

Dimensions :

-         Longueur totale : 1130 mm

-         Longueur canon 685 mm, épais de 22 mm au début et 20.4 mm à la mire.

Intérieur du canon rayé.

-         Longueur détente-plaque de couche : 360 mm

-         Longueur bec de crosse-plaque de couche : 255 mm

-         Longueur tonnerre : 152 mm, épais de 23.6 mm

-         Chambre de la culasse : 47.5 mm.

Poids : 2860 Grammes.

Ouverture et fermeture du tonnerre pour culasse mobile.

Ejecteur de douille automatique lors de la manipulation de la culasse mobile.

Pontet en volute

Calibre de 15 mm à broche, sortie en 14.5 mm.

Crosse dite « Anglaise » simple et élégante avec plaque de couche.

Hausse de visée graduée de 100 à 250 m.

 

Marquages et poinçons :

Cette carabine comporte de multiples marquages et poinçons :

Sur plusieurs pièces, son numéro d’assemblage : « 82 O »

Sur le dessus et en ovale ;

"INVn. E. LEFAUCHEUX BREVETE s.g.d.g. A PARIS"

Le levier de la culasse est munie du logo ; les lettres "ELF" surmontées d’un revolver à barillet.

Ce marquage "ELF" est une très grande curiosité puisqu’on ne le retrouve que sur les carabines issues du brevet 043104.

La raison de ce type de marquage nous est, à ce jour, encore inconnue.

La partie à pans du canon comporte sur la face inférieure le logo traditionnel des armes Lefaucheux, à savoir le "LF" surmonté d’un pistolet brisé, suivi de son numéro 521.

(Une curiosité, puisque le "LF 521" est déjà employé sur un revolver 1854 de la première série).

On y retrouve aussi le marquage en ovale :

"INVn. E. LEFAUCHEUX BREVETE s.g.d.g. A PARIS".

Sur la monture en fer, on retrouve le "ELF" surmonté d’un revolver à barillet.

Sous la plaque de couche, il y le 82 O à l’encre de chine et deux fois la lettre F frappée dans le bois. (Cette lettre est probablement l’initiale du sculpteur de la crosse)

Guillaume

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