Manufacture de Libreville

Il me souvient qu'il y a quelques mois, un quidam nous avait demandé l'identification d'une vieille ganache en mauvais état marquée LIBREVILLE. Nous nous sommes à ce moment tous gaussés de ce quidam avec sa copie, et sauf erreur de ma part nous disions tous que cette appellation "Libreville" était fantaisiste.

Eh bien non !!

Au risque d'enfoncer certaines portes ouvertes, je vous signale que le Comité de Salut Public - ou je ne sais quel autre organe révolutionnaire - avait décidé de changer tous les noms de villes et localités rappelant le nom d'un ci-devant Roy de France. En ce qui concerne Charleville, le nom fut changé en Libreville, et ce de 1789 à fin 1792. A partir de 1793 ils ont cessé leurs conneries et en sont revenus aux anciens noms.

Les pistolets fabriqués à Charleville entre 1789 et 1792 ont donc le marquage Libreville sur la platine. Il s'agit invariablement du pistolet modèle 1763-66 Deuxième Type, longueur de canon 230 mm, calibre 17.1 mm.

Toutes les garnitures y compris le pontet sont en fer et marquées du poinçon G de l'entrepreneur Gosuin et F du premier contrôleur Fèvre. La platine est du modèle An V. La queue de culasse est marquée M 1763 et l'intérieur du pontet marqué d'un bonnet phrygien. Calotte arrondie et garnie d'une plaque enveloppante sans oreilles, pourvue à l'arrière d'une bande fixée par une vis modèle An V.

Ce modèle a été produit jusqu'en 1797 parce qu'il était robuste et facile à fabriquer. Bande de feignants.

De rares exemplaires portent le nom de la Manufacture de Paris, mais il ne s'agit sans doute que de la platine car ils sont également marqués aux poinçons de Gosuin et de Fèvre.

Les derniers exemplaires ont été utilisés dans l'armée napoléonienne. A ne pas confondre avec le pistolet de gendarmerie.

Marcel

Très bien, mais permettez-moi d'ajouter que l'entrepreneur GOSUIN Jean (1746/1808) était liégeois.

En effet il fut un des principaux marchands d'armes de la révolution liégeoise et devint sous l'empire, directeur de la Manufacture d'Armes de Guerre à Liège. Il fut aussi au premier rang des fournisseurs des "insurgents" américains ainsi que des révolutionnaires brabançons et liégeois. En 1789, il fut proclamé "manbour" (régent) de la ville de Liège puis bourgmestre de Herstal. Les restaurations le forcèrent ensuite à l'exil et se réfugia en France à Charleville/Libreville où il continua d'exercer son métier d'armurier (je possède un pistolet de Gie française 1770 marqué J.GOSUIN à Liège)

Il revint ensuite à Liège pour établir une manufacture d'armes quai St Léonard. Ayant fait fortune, il abandonna le métier et s'éteignit en 1808 à MOHA Lez HUY au Val Notre Dame dont les bâtiments sont toujours visibles aujourd'hui.

Guy

Je note ça !

En tout cas, le citoyen Gosuin était bel et bien patron à Libreville (ci-devant Charleville) entre 1789 et 1792.

Puis-je en passant faire remarquer à notre ami Guy que son pistolet de Gd modèle 1770, même fabriqué à Liège, ne pourrait appartenir qu'à la Gd française, la Gd belge n'étant pas encore née à cette époque (Je relève ce petit pléonasme rien que pour le faire mousser), et le pendant hollandais répondant (encore à ce jour) au doux vocable de "Koninklijke Marechaussee".

Marcel

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