Les revolvers Bull Dogs de Verney-Carron Frères
Verney-Carron s’enorgueillit d’être à ce jour le plus grand et le plus
ancien fabricant d'armes de chasse français. Il est situé depuis sa
fondation à Saint-Étienne, principal centre de l'arme française.
Aujourd’hui, Verney-Carron fabrique et distribue des fusils et carabines
de chasse particulièrement réputés. L‘entreprise est également connue
pour ses lanceurs de balle de défense Flash-Ball dont sont équipées les
forces de l’ordre en France, mais également pour une ligne de vêtements
et d’accessoires de chasse.
L’origine de l’entreprise remonte à 1820, sous l’impulsion de son
fondateur Claude Verney, descendant d’une ancienne famille d’armuriers
dont on retrouve la trace jusqu’à 1650. Né à Saint-Étienne en 1801, il
gagne à 20 ans le premier prix au concours de sculpture sur bois sur une
crosse de fusil organisé par la municipalité stéphanoise. Encouragé par
ce succès, il décide alors de signer ses travaux et de s’engager dans la
fondation de la célèbre maison qui existe donc depuis 1820. Le nom
définitif de l'entreprise Verney-Carron sera choisi à la suite de son
mariage en 1830 avec Antoinette Carron, également descendante d’une
famille d’armuriers.
Dès l’origine, les fondateurs visent l’excellence qui sera reconnue
internationalement par de nombreuses récompenses, notamment lors de
plusieurs Expositions Universelles à partir de celle de Paris en 1867.
La maison s’étend dès 1868 avec la publication de catalogues.
Au décès de Claude Verney en 1870, son fils Jean (1839-1916) prend les
commandes avec ses frères. L’entreprise est alors baptisée Verney-Carron
Frères, avant de revenir au nom initial en 1917. La qualité de ses
produits lui ouvre l’accès à une clientèle prestigieuse comme, par
exemple, celle du Président de la République Française Félix Faure en
1898.
À la sortie de la première guerre mondiale, l’entreprise se transforme
en une manufacture de produits de très haute qualité, ce qui entraînera
progressivement la fermeture de ses succursales de Lyon, Marseille et
Paris.
À côté de ses propres productions, Verney-Carron commercialise dès la fin du XIXe° siècle divers modèles de revolvers Bull Dogs et Puppies. Un catalogue dédié aux armes de poing en fait encore état en 1927.
On retrouve dans un premier temps des productions du liégeois Charles
Clément, lesquelles sont identifiées sans ambiguïté par le logo CC
entrelacés de ce fabricant présent sur les poignées. Par rapport aux
Bull Dogs de Charles Clément revendus par Manufrance, on notera
cependant sur l’exemplaire suivant la section octogonale du canon et le
barillet non flûté, caractéristiques inhabituelles des productions de
Charles Clément.
La relation commerciale de Charles Clément et de Verney-Carron Frères
est confirmée par la distribution de revolvers RIC, comme celui
représenté dans la photo suivante. On notera le poinçon d’épreuve de
Saint-Étienne sur le barillet et le logo CC entrelacés sur la carcasse.
On rencontre plus fréquemment une ligne de revolvers Bull Dogs spécifique à Verney-Carron Frères et fabriqués également à Liège, comme démontré par le poinçon d’épreuve ELG à l’arrière du barillet. Ces modèles étaient déjà représentés dans le catalogue de 1883.
Ces Bull Dogs sont bien finis et nous sont parvenus généralement en
excellent état. La maison Verney-Carron ne pouvait en effet affaiblir sa
réputation par la distribution d’armes de qualité inférieure. Ces Bull
Dogs possèdent un barillet plein, tamponné de l’inscription «acier
fondu», un busc sur la poignée, et sont signés soit sur la bande du
canon, soit sur le côté de celui-ci. On note également le poinçon
d’épreuve de Saint-Étienne. Trois bons exemplaires sont représentés dans
les images ci-dessous.
On remarquera que ce dernier Bull Dog de Verney-Carron Frères eut
l’honneur très inhabituel pour ce type d’arme d’être offert comme Prix
de Tir en 1880 !
Nous n’avons pas réussi à identifier le fabricant liégeois de cette
série de revolvers. On notera cependant qu’il produisit également des
revolvers de calibre inférieur, tel le Puppy en calibre 320 représenté
dans les photos suivantes.
Outre les poinçons et marquages habituels dans cette famille, on
remarque sur la face avant du barillet l’inscription des trois lettres
VCF imbriquées, qui correspondent certainement à la signature de
Verney-Carron Frères.
Pour en savoir plus :
https://www.verney-carron.com/notre-histoire
https://www.if-saint-etienne.fr/economie/verney-carron-lexcellence-au-bout-du-canon
Jean-Christophe Plaquevent |