Le pistolet finlandais Lahti M.35
Au XVIIIe siècle, la Finlande servait de champs de bataille entre les Suédois et les Russes. Elle fut cédée par la Suède à la Russie en 1809. Le tsar en fit un grand duché.
En 1917, le pays se déclara indépendant et sous la conduite du général Mannerheim, réprima un mouvement révolutionnaire. Les forces finlandaises étaient équipées d’armes russes, entre autre le revolver Nagant.
Entre 1919 et 1920, une commande de 9000 pistolets Ruby au calibre 7.65 mm Browning est passée à la France. En 1923 le pistolet Parabellum est adopté ? Ce modèle est semblable au P.08 allemand, mais son canon est long de 100 mm, chambré pour la cartouche 7.65 mm Parabellum. 5 000 sont livrés à l’armée et au service pénitentiaire.
Le gouvernement finlandais crée en 1926, une fabrique nationale d’armes à Jy Väskyla.
Une figure marquante de cette entreprise est Almo Johannes Lahti, né le 28 avril 1896.
Après ses études, il rentre au chemin de fer finlandais, puis effectue son service militaire. Il reste dans l’armée en 1926, comme armurier. Il soumet à ses supérieurs un pistolet-mitrailleur et en collaboration avec le capitaine Saloranta, ils mettent au point une mitrailleuse légère, d’ordonnance en 1926.
Lahti dépose un brevet pour un pistolet automatique le 16 février 1934. Une certaine quantité fut fabriquée selon les plans du prototype avant d’être adopté par l’armée. Ils sont fabriqués par la Valtion Kivääri Thedas (VKT), dès janvier 1935. Adopté par l’armée, le pistolet Lahti M.35 remplace le « pistolet M.23 Parabellum ». Un peu lourd par rapport aux pistolets actuels, le L.35 est bien fabriqué, sa finition est excellente.
Particulièrement bien protégé de l’encrassement, il est très sûr aux très basses températures. Cette arme a un dispositif accélérateur appliqué généralement aux mitrailleuses pour augmenter la vitesse de tir. Cet accélérateur permet le fonctionnement bien au dessus de zéro degré. Il est difficile de démonter entièrement ce pistolet pour le nettoyer ou le réparer sans avoir recours à un armurier qualifié ou à la fabrique. Le développement de cette arme débuta en 1929 et le prototype était chambré pour la cartouche 7.65 mm Parabellum. Après plusieurs modifications, il fut fabriqué pour la 9 mm Parabellum.
L’inclinaison de la crosse et le canon invite à comparer ce pistolet avec le P.08 Parabellum, la ressemblance s’arrête là. Le mécanisme s’approche du système Bergmann-Bayard et utilise une culasse rectangulaire se déplaçant dans l’extension du canon qui forme un tout fermé et qui est verrouillé par un étrier qui se déplace verticalement. La percussion est assurée par un chien intérieur. Mais la grande nouveauté, c’est l’accélérateur de culasse incorporé le long de celle-ci ; il est constitué par un bras courbe qui, poussé en arrière par le recul du canon, voit sa force augmenter lorsqu’il tourne autour de son extrémité supérieure, frappe la culasse à une vitesse supérieure à celle du canon en mouvement, communiquant une vitesse élevée à la culasse lorsqu’elle est débloquée.
La production du L.35 fut lente au début. Les 1 000 premiers exemplaires avaient des plaquettes de poignées en hêtre, les guidons étaient forgés avec les canons. Ensuite les plaquettes furent livrées en matière plastique et le guidon était une lame insérée en queue d’aronde dans le canon et réglable latéralement. Un certain nombre de crosses en bois, genre étui crosse d’épaule comme celle du Mauser 96, ont été fabriquées, mais jamais adoptées.
De 1935 à 1944, il a été fabriqué 9 000 exemplaires, 1 000 pour les civils, 6 000 pour l’armée et 2 000 pour la Suède. Il a été fabriqué au total 12 000 pistolets. En 1958, 1 250 pistolets ont été fabriqués pour honorer un contrat de l’armée. Ils présentent un canon plus long, comme celui du pistolet L.40 suédois. Tout au long de sa fabrication, il a été amélioré ou simplifié : l’étrier de blocage à ressort et l’accélérateur furent éliminés, le ressort entre le canon et son extension fut simplifié, l’indicateur de chargement a été supprimé, la poignée ne comporte plus de rampe de fixation pour la crosse d’épaule.
Les marquages sont peu nombreux sur ces pistolets : sur les plaquettes de poignée figurent le monogramme « VKT » dans un losange, les numéros de série sont frappés sur le flanc gauche de la carcasse et sur l’extension du canon : les numéros avec les lettres « SA » étaient réservés à l’armée finlandaise (Suomi Armeija). Sur certains exemplaires, il a été observé le poinçon de la « Waffen-Amt » : il est possible que ce soit des pistolets récupérés par l’armée allemande.
Caractéristiques techniques
Constructeur : Lathi Almo-Johannes, armurier.
Fabricant : Valtion Kivääritedas (VKT) Jyvaskyla, Finlande.
Modèle : L35 réglementaire ( Lathi 1935)
Numéro de l’arme étudiée : 4254
Fonctionnement : culasse à ouverture retardée, un verrou assure le blocage du mouvement arrière assisté par un accélérateur de recul.
Années de fabrication : 1935 à 1944 et en 1958.
Nombres d’armes fabriquées : un total de 12000.
Longueur totale : 239 mm.
Épaisseur : 35 mm
Hauteur : 145 mm
Longueur du canon : 121 mm
Calibre : 9mm Parabellum.
Nombres de rayures : 4 à droite.
Carcasse : en acier usiné.
Poignée : avec deux plaquettes en matière plastique, genre bakélite, finement quadrillées, maintenues au bas de la crosse par une vis métallique.
Construction : trois principaux éléments : la carcasse poignée avec le chargeur, le mécanisme de détente ; l’ensemble canon - carcasse ; la culasse mobile et son verrou.
Détente : incurvée, large et lisse.
Pontet : ovale, faisant bloc avec la carcasse.
Percuteur : percuteur à marteau intérieur assurent la percussion.
Chargeur : amovible, pour 8 cartouches 9mm Para.
Mire : fixe en U à l’arrière du bâti.
Guidon : lame pentue en avant sur queue d’aronde, réglable transversalement.
Ligne de mire : longue de 200mm.
Poids de l’arme vide : 1240 g.
Poids avec chargeur garni : 1330 g
Protection ; bronzé noir mat.
Sécurité : sûreté à levier, placée à gauche et à l’arrière du bâti.
Marquages : sur les plaquettes de crosse : VKT dans un losange ; sur le dessus de la glissière,
VKT dans un losange et L35.
Numérotation de séries : face gauche, sur le bâti 4254, sur la glissière 4254, et sur l’arrière de la culasse mobile, 4254.
Le démontage : enlevez le chargeur, prenez le pistolet dans la main droite, appuyer le canon sur une surface dure, lorsque le bloc de culasse est en position arrière faire pivoter le levier de démontage situé au-dessus de la détente pour libérer les ensembles. Sortez les ensembles, canon et bloc de culasse des rails de la carcasse par l’avant. Au remontage, il faut veiller à bien replacer le verrou, sans lui, l’arme peut fonctionner, mais dangereusement : ouverture prématurée, rupture de la douille, détérioration de la culasse, danger pour le tireur.
Chargement et tir : saisissez les épaulements du bloc de culasse et tirez-le vers l’arrière ;
Relâchez le bloc de culasse, le ressort récupérateur amènera le bloc de culasse vers l’avant pour qu’il chambre une cartouche. Lorsque le chargeur est vide, le bloc de culasse est maintenu en arrière.
Remarques : arme extrêmement fiable, de qualité élevée. Elle est fabriquée dans les meilleurs aciers inoxydables. Au tir à la cible à 50 mètres, les résultats sont bons et réguliers. Poids de la détente, 1.750g. Bonne prise en main.
Arme lourde, démontage complet difficile, si l’on ne dispose pas des outils indispensables.
Max.